Berlin / Flânerie urbaine

Flâner dans Berlin, c’est laisser la ville s’écrire d’elle-même. C’est accepter de perdre un peu le fil, de se laisser surprendre par un détail, un regard, une scène silencieuse qui surgit sans prévenir. Ici, rien ne semble figé. Tout respire l’histoire, les cicatrices, la liberté, la contradiction aussi.

Berlin ne se visite pas vraiment, elle se traverse. Elle se vit au rythme de ses pas, dans le frottement des pierres usées, des façades marquées, des graffitis qui racontent autre chose que de simples coups de bombe. Chaque mur devient un témoin, chaque trottoir une archive à ciel ouvert, chaque silhouette un fragment de roman.

Le noir et blanc s’impose alors comme une évidence. Il dépouille la scène, recentre le regard sur l’essentiel. Sur une lumière qui glisse, une ombre qui s’étire, une posture qui dit plus qu’un long discours. Un photomaton griffonné de souvenirs, une voiture d’un autre temps, un regard perdu derrière une vitrine, un chien qui semble sourire à la vie… Berlin offre tout cela, sans artifice, avec une sincérité brute.

Dans cette ville, le photographe devient presque spectateur. Il observe, il attend, il écoute le silence entre deux bruits de tram. Il saisit l’instant quand il se présente, humblement, sans le forcer. Juste là, au bon moment.

Berlin, c’est une scène ouverte où le quotidien devient poésie, où le banal se transforme en histoire. Et il suffit parfois de lever les yeux, de ralentir le pas, pour que la magie opère.

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